C’est un travail d’équipe d’assurer que les Canadiens sont conscients des dangers entourant les propriétés ferroviaires et les trains. Le secteur ferroviaire, les gouvernements, la police, les syndicats, les médias, d’autres organisations et des bénévoles partout au pays doivent travailler ensemble pour passer le message—notamment les bénévoles comme Peter Mohyla.
Nous reconnaissons la contribution de Peter Mohyla en lui remettant le prestigieux Prix Roger Cyr pour la sécurité publique 2016 d’Opération Gareautrain. Nommé d’après le fondateur d’Opération Gareautrain Canada, le prix est remis aux partenaires et aux bénévoles d’Opération Gareautrain qui se dévouent pour promouvoir la sécurité ferroviaire et encourager les autres à faire de même—une description qui va comme un gant à Peter Mohyla.
Depuis près de 30 ans, Peter travaille comme agent de sécurité du transport chez Metrolinx—et depuis 28 ans, il participe à Opération Gareautrain. Il préside le Comité directeur de l’organisation en Ontario, qui coordonne les activités de liaison sur la sécurité ferroviaire dans la province. Il fait également la promotion de la sécurité le long des corridors ferroviaires de Metrolinx dans la région du Grand Toronto et de Hamilton, coordonnant des présentations dans des écoles et des événements communautaires, travaillant avec la police et d’autres organismes de sécurité publique, et trouvant des façons innovatrices d’éduquer le grand public, notamment par des événements comme
Exercise Fatal Distraction. Cet exercice d’intervention d’urgence multiorganisations a été tenu pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire (avril 2017) à Bradford, en Ontario. De jeunes bénévoles d’une école secondaire locale jouaient les victimes d’une collision entre un train et une voiture, alors que ceux qui regardaient la simulation d’intervention d’urgence voyaient l’importance de la sécurité ferroviaire.
Nous avons parlé avec Peter Mohyla après qu’il ait reçu le Prix Roger Cyr en juillet dernier afin d’en savoir plus sur ses années avec Opération Gareautrain et de savoir pourquoi il veut continuer à transmettre le message sur la sécurité ferroviaire pendant les années à venir.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à Opération Gareautrain il y a 28 ans ?
Je crois que j’ai simplement vu le besoin. À l’époque, Metrolinx n’avait pas vraiment de programme en place. Je me suis intéressé à Opération Gareautrain parce que j’estimais que la sécurité ferroviaire était un important message. Et vous savez, quand on voit certaines choses—par exemple quand on voit son premier décès—il devient clair qu’il faut faire quelque chose.
Quels changements—s’il y a lieu—avez-vous vus quant à la sécurité ferroviaire et l’attitude envers la propriété ferroviaire depuis toutes les années où vous travaillez avec l’organisation et avec Metrolinx ?
La sensibilisation s’améliore. Je pense que les gens commencent à réaliser qu’il est difficile de perdre ses mauvaises habitudes, en un sens. Et maintenant, avec les médias sociaux, tout le monde sait s’il y a eu un accident de train et qu’un piéton ou un intrus est mort. Et je crois que ça a augmenté la sensibilisation et la nécessité de parler au grand public.
Est-ce que les dangers sont plus grands aujourd’hui, avec un plus grand nombre de trains (et des trains qui semblent être plus silencieux) et des gestes comme les gens qui portent des écouteurs et qui regardent leur téléphone ?
Tout à fait. Je crois que la plus forte tendance que je vois, ce sont les écouteurs, et ça crée beaucoup de problèmes. Et ce n’est pas seulement avec les trains, on le voit avec les piétons dans la rue. J’appelle ça la « distraction en marchant ».
De nos jours, la distraction au volant et le principal facteur de décès, avant la conduite avec facultés affaiblies. Mais je pense que la distraction en marchant est aussi responsable de nombreuses blessures et de nombreux décès parce que les gens ne font pas attention à ce qu’ils font. Ils sortent du bureau, la tête penchée, les écouteurs sur les oreilles—en particulier les adolescents—et ils textent sans regarder où ils vont. Cette même tendance existe chez ceux qui font des intrusions sur les propriétés ferroviaires. Ils traversent les voies avec les écouteurs sur les oreilles et ils n’entendent pas le train arriver.
Tout le monde croit qu’on peut entendre une locomotive de 150 tonnes à des kilomètres de distance, mais c’est étonnant, selon les conditions de vent, il est possible de ne pas l’entendre.
Alors, que faites-vous pour sensibiliser les gens au danger que les trains posent ?
Par l’éducation publique. Je crois que l’éducation est la clé. Nous devons sortir, nous devons parler aux gens et nous devons changer les vieilles idéologies, les vieilles idées selon lesquelles on peut traverser les voies parce que nos parents le faisaient, ou parce qu’on sait quand le train va arriver. C’est comme le vieil adage : il peut toujours y avoir un train.
Ce printemps, vous avez organisé l’événement Exercise Fatal Distraction. Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
Cet événement a été organisé avec l’aide de beaucoup de gens, dont Anna Empey, une spécialiste de la gestion d’urgence pour Opération Gareautrain. Le concept de base était un passage à niveau et un parent qui conduit ses deux ados à l’école. Une distraction est causée par un téléphone cellulaire, ce qui entraîne une collision avec le train. Une personne est tuée et une autre est éjectée de la voiture. Le conducteur et le passager assis à l’avant sont gravement blessés. Il fallait donc rassembler tous les différents intervenants d’urgence. C’est comme une formation pratique pour les services d’urgence et pour montrer que nous devons tous réagir et travailler ensemble. Et s’il y a un petit problème, comment nous y remédions afin de mieux intervenir aux incidents. Tout était
filmé.
J’ai aussi eu un groupe d’étudiants d’une école secondaire du coin, une école catholique. Ils ont un cours en gestion d’urgence pour tous ceux qui veulent devenir policiers ou pompiers, ou quelque chose d’autre de ce genre. Ils ont regardé dans le cadre de leur cours. Après l’exercice, deux semaines plus tard, nous avons fait un débriefing avec ces étudiants et avons présenté une vidéo à toute l’école. Ça a été très bien reçu.
À votre avis, quel a été l’impact de l’événement ?
Je crois qu’il a eu un gros impact. Beaucoup de choses positives se sont passées sur les médias sociaux—une grande couverture par toutes les chaînes de télévision de la RGT—et les gens en parlent encore. Donc, l’impact est bon. Et nous avons une vidéo que nous pouvons montrer dans les écoles et dire : « Voilà l’exercice, c’est ce que nous disons et c’est ce que nous ressentons. »
Il y avait aussi un excellent élément éducatif pour les jeunes qui vont bientôt obtenir leur permis de conduire. Et ça se fait entre pairs. C’est ce qui me plaît. C’est une chose que je me présente devant un groupe de jeunes dans mon uniforme et que je leur dire : « Voilà ce que vous devez faire, vous devez être conscients de ceci, de cela… » C’est comme s’ils me regardaient en pensant : « Bon, c’est votre travail, vous devez être ici à nous dire ce genre de choses. » Mais quand ça se fait entre pairs, et que vous pouvez voir tous ces jeunes avec vous, je crois que l’impact est plus fort.
Donc, quand les gens voient un train ou des voies ferrées, qu’est-ce qu’ils devraient penser selon vous ?
Pas d’intrusion sur la propriété ferroviaire. Restez à une distance sécuritaire. Il faut respecter le fait que c’est un endroit dangereux—comme une autoroute. Vous n’allez pas jouer sur l’autoroute, alors ne jouez pas sur les voies ferrées ou n’allez pas près d’elles parce que c’est notre autoroute. Je veux qu’ils réalisent que c’est une voie importante qui doit être respectée.
C’est une très bonne analogie. Vous faites cela depuis près de 30 ans, combien de temps allez-vous continuer à transmettre le message sur la sécurité ferroviaire ?
Aussi longtemps que je le pourrai. Je ne vais pas travailler aussi longtemps—je pense que d’ici quatre ans environ, je vais arrêter ce que je fais ici—mais j’aimerais continuer à transmettre le message. Je crois que c’est important. Et je pense que grâce à l’expérience que j’ai acquise au fil des ans, je peux encore faire quelque chose pour transmettre ce message.
Je crois que ça démontre combien je pense que ce programme est important. Je ne me dis pas : « Bon, j’ai fini. Je peux m’arrêter. Je ne veux plus en entendre parler. J’ai fait ma part. » Non. Je crois que je dois montrer que si ça nous intéresse et si on se préoccupe des gens, on veut continuer à transmettre le message. Si vous croyez aux gens et si vous voulez aider à assurer leur sécurité, je crois qu’il faut continuer à le faire.
Je crois que M. Cyr a reconnu que quand il a quitté le travail, il devait continuer à transmettre ce message. Et c’est aussi ce que j’admire beaucoup chez lui—son dévouement jusqu’à la fin. Il croyait vraiment que nous devons travailler tous ensemble.
Merci beaucoup. Et félicitations, Peter Mohyla, d’être le récipiendaire du Prix Roger Cyr 2016.