Partager des histoires d’espoir : Karla Williams

De nombreux Canadiens ont des problèmes de santé mentale en raison du stress et de l’isolement dus à la pandémie. Certains ont même des idées suicidaires. En fait, un récent sondage a révélé qu’un Canadien sur 20 a pensé au suicide en raison de la pandémie. Cependant, Opération Gareautrain veut que les gens sachent que l’aide est au bout du fil—et cherche à transmettre ce message dans le cadre de sa nouvelle campagne de sensibilisation publique à la prévention du suicide.

La campagne Ça va mieux comprend 11 vidéos d’espoir poignantes (six en anglais et cinq en français) qui racontent l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des pensées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Karla Williams est l’une de ces survivantes. Cette femme de Halifax lutte avec la dépression depuis qu’elle a 12 ans et elle souffre du trouble bipolaire de type II. Elle a été victime de violence sexuelle quand elle était enfant et elle a commencé à penser au suicide quand elle était adolescente. Mais Karla est la preuve que ça peut aller mieux—si on demande de l’aide. Voici une partie de son histoire :

Pourquoi pensez-vous avoir eu des idées suicidaires quand vous n’étiez qu’une adolescente ?

Quand on est victime de violence sexuelle, on éprouve beaucoup de honte, surtout quand on est jeune. Je ne pouvais rien y faire. Et être adolescente est suffisamment difficile en soi, parce qu’on connaît plein de changements hormonaux. Mais je n’arrivais pas à oublier la honte et la culpabilité pour ce qui était arrivé. Je voulais les arrêter. Pour moi, c’était généralement un immense sentiment de solitude. Pas de solitude. Je me sentais esseulée. Ce n’est pas que je suis seule, mais j’ai l’impression d’être laissée à moi-même. Personne ne me comprend, personne ne se préoccupe de moi.

Quelle différence le fait de trouver de l’aide a-t-il faite ?

J’avais presque 30 ans quand j’ai finalement trouvé une thérapeute. Et c’est une bonne chose parce que j’avais enfin quelqu’un à qui me confier, quelqu’un qui n’allait pas aller raconter ce que j’avais dit, alors je pouvais complètement baisser ma garde. J’avais ce soutien, quelqu’un qui pouvait me donner des outils pour gérer mes pensées ou pour me parler et me calmer. Si on n’a pas les outils pour le faire, on ne peut pas s’en sortir.
Il a fallu quatre ans pour que ma thérapeute me convainque de prendre des médicaments. Quand on a diagnostiqué un cancer du poumon à ma mère, je suis tout de suite allée voir ma thérapeute et je lui ai dit : « Je vais prendre les médicaments. » Je savais que je ne pourrais pas supporter plus de stress. Les médicaments et le soutien allaient de pair pour moi.

Où seriez-vous aujourd’hui si vous n’aviez pas demandé de l’aide ?

Je serais morte. Sans ma thérapeute et les médicaments, je serais morte. Je n’aurais pas survécu au décès de ma mère.

Que diriez-vous à quelqu’un qui est au point où vous en étiez, mais qui ne demande pas de l’aide ?

Bats-toi. Je dirais : « Demande de l’aide. » Parce que chez beaucoup de gens, la dépression fait que votre esprit vous joue des tours. Votre esprit veut demander de l’aide, mais il vous empêche de parler. Il ne vous permet pas de dire les mots que vous devez prononcer. Et on doit apprendre à se battre et à accepter la honte. On ne veut pas que les gens sachent qu’on est différent. On ne veut pas qu’ils sachent qu’on souffre. Mais si les gens ne savent pas qu’on souffre, personne ne nous aide. Sans aide, on ne peut pas s’en sortir.

Si vous avez des idées suicidaires, un intervenant qualifié est prêt à écouter. Appelez le Service canadien de prévention du suicide au 1-833-456-4566, à toute heure du jour ou de la nuit. Et écoutez les histoires d’espoir de gens qui ont demandé de l’aide. Visitez le cavamieux.ca.