Il arrive souvent que les gens qui luttent avec leur santé mentale considèrent le suicide comme la seule option. Pourtant, il suffit d’un coup de fil pour recevoir de l’aide—et la nouvelle campagne de sensibilisation publique à la prévention du suicide d’Opération Gareautrain le rappelle aux Canadiens.
La campagne Ça va mieux comprend 11 vidéos d’espoir poignantes (six en anglais et cinq en français) qui racontent l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des pensées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Paul Yu est l’un de ces survivants. Cet homme de Toronto a commencé à avoir des idées suicidaires quand il n’avait que 11 ans. C’est un ancien alcoolique aux prises avec un TSPT et un TDAH. En 2011, il a voulu s’enlever la vie, mais un ami l’en a empêché. Paul est la preuve que ça peut aller mieux—si on demande de l’aide. Voici une partie de son histoire :
Comment un enfant de 11 ans peut-il songer à s’enlever la vie ?
Ça m’est simplement venu à l’esprit et, après un certain temps, l’envie de me tuer est devenue de plus en plus forte. Je crois que déjà à 11 et 12 ans, je me sentais obligé d’agir d’une certaine façon et que j’avais l’impression de ne pas pouvoir le faire. Comme je suis d’origine coréenne, il y avait certaines attentes quant aux études, à mon comportement et à tout le reste. De plus, je souffre d’un TDAH, et j’avais l’impression de ne jamais être vraiment à la hauteur, surtout parce qu’à cette époque, mon TDAH n’avait pas été diagnostiqué. Et j’étais plutôt asocial, je ne me sentais jamais vraiment à ma place.
Comment cela a influencé votre vision de vous-même en grandissant ?
J’avais vraiment l’impression de ne pas faire ce que je devais en tant qu’adulte. Ma situation financière n’était pas bonne parce que quand on souffre de TDAH, on contrôle très mal ses impulsions, et je dépensais de l’argent pour beaucoup de choses différentes—et aussi pour l’alcool. J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur sur le plan professionnel, alors les voix dans ma tête ont commencé à se manifester. Je préférais culpabiliser plutôt que d’exprimer ma négativité, surtout quand je buvais. Je me regardai dans le miroir et je me traitais de « stupide » et de « débile », et d’autres trucs comme ça. J’ai fini par devenir mon pire bourreau.
Pouvez-vous décrire comment vous vous sentiez quand vous avez voulu vous enlever la vie ?
Je voyais tout en noir et j’avais toujours un sentiment de peur, de panique. Ça n’arrêtait pas. Il n’y avait aucun répit. J’avais toujours l’impression que j’étais en danger et j’avais toujours mal à l’intérieur. C’est vraiment le pire, cette douleur constante. J’avais très peu d’espoir d’améliorer mon sort. On a vraiment l’impression d’être au bout du rouleau, et plus on tente de s’en sortir, plus on s’enfonce. Alors le suicide me semblait vraiment être la seule solution sensée.
Quand je me rétablissais, quelqu’un a dit une chose qui m’est toujours restée. Les gens songent au suicide non pas parce qu’ils veulent mourir, mais parce qu’ils trouvent que c’est trop difficile de vivre. Ça m’a vraiment frappé, parce que c’est tout à fait ça. Je voulais juste m’évader, et c’était pour moi la seule façon d’y arriver.
Dans quelle mesure le fait de demander de l’aide a fait en sorte que vous êtes ici aujourd’hui ?
Si je n’avais pas reçu de l’aide, je ne serais certainement pas ici aujourd’hui, parce que j’ai commencé à apprendre à composer avec les émotions que je ressentais. De plus, la thérapie de groupe m’a beaucoup aidé parce qu’on écoute l’histoire des autres et on peut s’en inspirer. Et on réalise qu’on n’est pas seul. Il y a toutes ces autres personnes qui ont ces problèmes. Elles peuvent venir de différents milieux et avoir différentes expériences, mais au final, c’est la même chose.
Quelle différence y a-t-il entre le Paul d’aujourd’hui et le Paul d’il y a 10 ans ?
J’ai vraiment de l’espoir aujourd’hui. Je travaille dans un domaine que j’adore et je peux dire que je suis très souvent heureux. J’ai toujours mes problèmes. Je pense encore au passé et aux choses qui sont arrivées, mais il n’y a plus ce gros nuage au-dessus de ma tête. Je peux regarder vers l’avenir et je suis très satisfait de là où je suis aujourd’hui.
Si vous songez au suicide, un intervenant qualifié est prêt à écouter. Appelez le Service canadien de prévention du suicide au 1-833-456-4566, à toute heure du jour ou de la nuit. Et pour connaître l’histoire de gens qui ont demandé de l’aide, visitez le cavamieux.ca.