Avec les trains, une erreur de jugement peut avoir des conséquences tragiques

Michael Newnham avait tout pour lui—et son avenir était prometteur.
 
Cet étudiant de 12e année à l’école secondaire Lorne Park à Mississauga, en Ontario, était ouvert et populaire.  Il jouait dans l’équipe de rugby de l’école et était capitaine de son équipe de hockey de compétition.  Il devait entrer au Collège Mohawk après ses études secondaires.
 
Mais un soir de novembre 2013, la vie de ce garçon de 17 ans a pris fin tragiquement quand il a été heurté par un train de banlieue, à seulement quelques minutes de chez lui.
 
Son père, Mark Newnham, nous a parlé l’accident qui a pris la vie de son fils—comment une simple erreur peut avoir des conséquences tragiques.
 
Que savez-vous de l’accident de Michael ?
 
C’était un vendredi soir.  Tous les vendredis, Michael sortait avec ses amis.  Ils étaient toute une bande de garçons et de filles qui se retrouvaient, et il se rendait chez un ami qui habitait à quelques pâtés de maisons.  C’était la rue tout près de la voie ferrée.  Habituellement, je lui envoyais un texto disant : « Quand rentres-tu, est-ce que tu as besoin que j’aille te chercher ? »  Sa réponse à 23 h 30 ce soir-là—sa dernière réponse—a été : « Non, aucun problème.  Quelqu’un me raccompagne. »  Il y avait toujours quelqu’un pour le raccompagner.  Mais ce soir-là, pour quelque raison que ce soit, il a dit qu’on le raccompagnait, mais a finalement décidé que ce n’était pas si loin et qu’il allait rentrer à pied. C’est ce qu’il a décidé de faire.  Je crois que c’était juste après minuit.  Les barrières étaient baissées, mais il a décidé d’essayer de traverser avant que le train passe.  Peut-être que comme il faisait noir, il a mal évalué la distance du train, ou je crois que son pied s’est coincé dans le rail.  Et voilà.
 
Est-ce que l’alcool a joué un rôle ?
 
Non.  C’est juste une de ces décisions qu’on prend quand on est jeune.  On ne pense pas aux répercussions.  On ne pense même pas que quelque chose pourrait tourner mal.  On se dit : « C’est seulement cinq mètres, je peux courir.  Je le fais tout le temps.  Je peux traverser. »  C’est un manque au bon sens qui vous dit : « La barrière est baissée, un train arrive, je devrais attendre les cinq minutes qu’il faudra pour qu’il soit passé, ou même les deux minutes. »
 
Quand on vieillit, on acquiert de l’expérience et du bon sens.  Je ne dis pas que les enfants ne réfléchissent pas, mais ils ne pensent pas tout le temps à ce genre de choses.  Il ne voulait pas se faire du mal, ou faire du mal à quiconque.  Il voulait juste rentrer chez lui.  Et regardez ce qui est arrivé—ça lui a coûté la vie.
 
Comment la mort de Michael a-t-elle touché ses amis ?
 
Ça a été un choc terrible.  Il devait y avoir au moins mille personnes à ses funérailles.  Il était très actif en sport et il avait énormément d’amis.  J’aidais à entraîner son équipe de hockey—je vois toujours cinq ou six familles une ou deux fois par année à un tournoi de hockey bénéfice que l’Association de hockey de Port Credit a nommé en son nom.  Je suis aussi retourné à la patinoire environ une semaine après son décès, parce qu’il avait tant d’amis.  J’ai été très touché ce jour-là.  J’ai pu parler à nombre d’entre eux.  Je crois que ça les a fait grandir.  Je crois qu’ils pensent toujours à son amitié et à ce qu’il leur apportait.
 
C’est normal de pleurer et d’être triste, mais tous ces jeunes allaient rentrer à l’université ou au collège l’année suivante.  Leur vie commençait à peine.  Je ne voulais pas que ce tragique accident les marque pour le reste de leur vie.
 
Pourquoi avoir décidé de partager votre histoire ?
 
Aussi difficile que ça ait été pour moi et ma famille, ça touche aussi beaucoup d’autres personnes.  Si on laisse une tragédie se produire sans que ça soit bénéfique à quelqu’un, c’est la vraie perte.  C’est l’une des millions de tragédies qui arrivent, dans toutes sortes de scénarios.  Mais si l’histoire de Michael fait en sorte que des jeunes du secondaire se disent : « Ne traverse pas la voie », ou « Ne monte pas dans une voiture si les gens roulent trop vite », ou n’importe quoi—si ça leur permet de développer leur bon sens—c’est bénéfique.  Je ne peux pas changer ce qui est arrivé, mais ne pas faire en sorte que ça transmette un message positif aux autres, ce serait la vraie tragédie.