Scott Sackaney cinq ans après une tragédie ferroviaire
Il y a cinq ans, la vie de Scott Sackaney a changé pour toujours.
Cet homme de 23 ans était alors un adolescent normal, à qui la vie ouvrait les bras. Il était jeune et en bonne santé. Il était actif. Il avait une ceinture noire en taekwondo et aimait la randonnée et le hockey. Et plus que tout, il s’apprêtait à commencer une carrière militaire.
Mais un soir de novembre 2012, sa vie a pris un tournant inattendu et tragique—simplement parce qu’il a pris un raccourci par les voies ferrées. Scott a été heurté par un train et s’est réveillé à l’hôpital, avec son bras droit et une partie de sa jambe en moins.
Nous avons parlé avec lui alors qu’il marque le cinquième anniversaire de la tragédie qui a changé sa vie.
À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?
Ça peut être difficile par moments, mais aussi assez agréable. Je me suis bien adapté. Je ne laisse pas ça me ralentir, pas du tout. Ce qui m’ennuie vraiment, c’est quand je continue à marcher alors que je suis censé reposer ma jambe, alors j’ai des plaies et des ampoules. C’est à peu près le seul moment où je trouve ça vraiment difficile. Je suis aussi déprimé, et en colère aussi. Alors j’essaie de respecter mes limites et de ne pas les dépasser.
Qu’est-ce que vous faites ces jours-ci ?
Je suis sans emploi pour le moment. C’est un peu difficile de trouver du travail parce qu’après mon accident, j’ai traversé une période où j’étais en colère. Je buvais tout le temps et je me mettais dans toutes sortes de situations difficiles, et j’ai fini par aller en prison pendant près d’un an. Maintenant, j’ai un casier judiciaire et c’est plutôt difficile de trouver du travail—avec un handicap et un casier judiciaire.
Comment faites-vous pour rester positif ?
C’est surtout grâce à ma famille—les gens que j’aime. S’ils n’étaient pas là, je resterais probablement assis dans un coin à ne rien faire, déprimé en permanence. Mais ils me motivent. Ils me poussent, et vous savez, quand je les vois vivre leur vie, j’ai envie de faire la même chose. Parce que je suis le plus vieux des enfants et ils font tous beaucoup plus que moi. Ils vont à l’école et ils travaillent. Et je suis là, touchant des prestations pour handicapé, et je ne fais pas grand-chose. Le seul fait de les voir sortir et faire des choses me donne envie de me lever et de continuer à bouger.
Est-ce que votre accident a touché votre famille ? Est-ce qu’il a changé sa vie ?
Je crois bien que oui. Mon frère et ma sœur plus jeunes voient la vie différemment, ils ne tiennent pas les choses pour acquises. Ma mère—ça l’a certainement changée. Elle continue à me dire que je suis son roc en raison de la façon dont j’affronte les défis, et dont je continue à avancer. Ça me motive et ça l’inspire elle aussi.
Alors, qu’est-ce qui vous attend ?
Quand je suis sorti de prison, j’ai décidé de mettre de l’ordre dans ma vie et de faire des études. J’ai un diplôme. J’ai suivi le programme du Centre de théâtre autochtone, un programme très intensif. J’ai un peu voyagé. J’ai visité dix états différents. J’ai fait tout ça et maintenant j’aimerais retourner au collège et donner des conférences de motivation. C’est là que je me vois.
En tant que conférencier motivateur, que diriez-vous à des jeunes de 17 ou 18 ans au sujet de la sécurité ferroviaire, quel serait votre message ?
Il faudrait vraiment que je prenne le temps d’y réfléchir et de l’écrire. Mais c’est principalement « Restez loin des voies ferrées ». Bien sûr, ça peut être un raccourci, mais vous savez, des choses arrivent. De mauvaises choses arrivent. Je pensais que j’étais indestructible quand j’avais 18 ans, et ça m’est arrivé. J’ai perdu un bras et une jambe. Vous savez, c’est dangereux. Restez loin des voies ferrées. Surtout si vous avez bu. Ce n’est pas un endroit où aller, pas du tout.