Partager des histoires d’espoir : Michel
Pour les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale, le monde peut parfois sembler sombre et solitaire. Mais l’aide est au bout du fil—et la campagne de sensibilisation publique et de prévention du suicide d’Opération Gareautrain le rappelle aux Canadiens.
La campagne Ça va mieux comprend 13 vidéos poignantes et remplies d’espoir (huit en anglais et cinq en français) racontant l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des pensées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Michel Bouwhuis est l’un de ces survivants.
Michel est un ancien ambulancier qui a des problèmes de santé mentale depuis plus de 30 ans. Il souffre de TSPT complexe, de dépression, d’anxiété et de douleur chronique. Mais il est la preuve que la vie peut être meilleure—si on demande de l’aide. Voici une partie de son histoire :
Quand avez-vous commencé à avoir des problèmes de santé mentale ?
Je travaillais comme ambulancier et j’ai reçu un appel de nuit pour un accident sur la 401. Il y avait une jeune femme coincée dans une voiture. J’ai soigné ses blessures, mais je voyais qu’elle avait beaucoup de dommages internes. Pendant que j’attendais l’arrivée des pompiers, elle s’est tournée vers moi, m’a souri et est morte. Cela a déclenché mon premier épisode de TSPT.
Pourquoi pensez-vous que cet accident est toujours aussi présent chez vous ?
Parce que je ne l’ai jamais résolu. Je ne suis pas formé pour regarder une personne mourir. Je suis formé pour sauver des vies, et je n’ai pas réussi. À l’époque, l’attitude des intervenants d’urgence était la suivante : « Faites-vous une raison, ça fait partie du travail. » Mais quand vous cachez les mauvais sentiments, ils empirent et reviennent plus tard–beaucoup, beaucoup plus graves.
Quand avez-vous trouvé le soutien dont vous aviez besoin ?
Il y a des années, j’ai dit à mon médecin de famille et à mon psychiatre que j’avais besoin de parler à quelqu’un qui était passé par là, à un autre ambulancier qui « comprend ». Il y a trois ans, j’ai trouvé une organisation appelée
Boots on the Ground―un groupe de soutien par les pairs pour les intervenants d’urgence―et je les ai appelés. Ça m’a aidé. En offrant un soutien aux intervenants d’urgence par des intervenants d’urgence, ils m’ont permis de parler de mes problèmes et de mes traumatismes de façon respectueuse, sans juger. Et ils ont dit des choses–qu’il s’agisse d’un pompier, d’un policier ou d’un intervenant d’urgence–qui m’ont montré qu’ils comprenaient. Ça a donc diminué la solitude et augmenté la validation.
Que diriez-vous à un intervenant d’urgence qui souffre de dépression ou de TSPT ?
Mon message à un autre intervenant serait double. Premièrement, rappelez-vous que vous n’êtes pas Dieu. Vous ne décidez pas si une personne vit ou meurt. Deuxièmement, vous êtes humain. Vous faites ce métier incroyablement difficile, exigeant et déchirant. N’ayez pas honte de demander de l’aide. C’est une force, pas une faiblesse. Il faut du courage pour demander de l’aide et être vulnérable.
Si vous avez des pensées suicidaires, un intervenant qualifié est là pour écouter. Composez le 1-833-456-4566 (Canada) ou le 1-866-APPELLE (Québec) à toute heure du jour ou de la nuit. Et pour entendre l’histoire de personnes qui ont demandé de l’aide, visitez le cavamieux.ca.