Partager des histoires d’espoir : Jaylene Delorme

Chaque année, environ 4 000 Canadiens s’enlèvent la vie. En fait, le suicide est la deuxième principale cause de décès chez les jeunes de 15 à 34 ans. Malheureusement, les personnes qui ont des problèmes de santé mentale pensent parfois que le suicide est la seule solution. Mais la nouvelle campagne de sensibilisation publique à la prévention du suicide d’Opération Gareautrain rappelle aux Canadiens que l’aide est au bout du fil.
 
La campagne Ça va mieux comprend 11 vidéos émouvantes remplies d’espoir (six en anglais et cinq en français), racontant l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des pensées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Jaylene Delorme est l’une de ces survivantes. Cette femme de Yellowknife a tenté de s’enlever la vie une première fois quand elle n’avait que 12 ans. Pendant la majeure partie de sa vie, elle a souffert d’anxiété, de dépression, de pensées suicidaires et de toxicomanie. Mais elle est la preuve que ça peut aller mieux—si on demande de l’aide. Voici une partie de son histoire :


Quel a été le premier signe indiquant que vous aviez des problèmes de santé mentale ?

C’est quand j’avais 12 ans. J’avais une relation difficile avec ma mère, au point où j’ai quitté la maison. À un moment, j’ai tenté de faire une surdose de drogue et je me suis retrouvée à l’hôpital. J’avais 12 ans et j’avais l’impression que je n’avais pas d’avenir. Je n’attendais rien de la vie et j’avais le sentiment d’aller nulle part.

Peu de temps après, j’ai commencé à fumer beaucoup de marijuana, disparaissant avec mes amis pendant des jours, parfois des semaines, sans écouter mes parents. J’ai ensuite commencé à boire et à prendre des drogues plus dures, au point où je me suis retrouvée à 1 500 kilomètres de chez moi, dans un centre de traitement pour jeunes contrevenants à 14 ans.
 
Quel a été le point tournant ? Quand les choses ont-elles commencé à aller mieux ?

J’ai perdu ma tante en 2010. Elle a fait une surdose de médicaments. C’est l’une des choses les plus difficiles que j’ai vécues. J’étais dans un centre pour jeunes contrevenants et isolée dans le Nord, loin de tous les gens que je connaissais. J’avais eu des idées suicidaires—ne plus vouloir vivre—mais je ne comprenais pas pourquoi quelqu’un d’autre pourrait vouloir s’enlever la vie. Je ne comprenais pas pourquoi quelqu’un pourrait vouloir imposer cette peine à sa famille ou à ses proches.
 
Ça m’a fait penser à ce que j’avais fait à ma famille quand j’avais tenté de me tuer. Je ne pouvais pas imaginer comment faire ça à ma mère, mes frères et sœurs, mes nièces et mes neveux. Maintenant, je ne pourrais même pas imaginer de m’enlever la vie. Je regarde en arrière et, même si je ne le comprenais pas à l’époque, j’avais tant de raisons de vivre, tant de potentiel et tant à apprendre.

Comment êtes-vous sortie de ces ténèbres pour arriver où vous êtes aujourd’hui ?

J’ai commencé à parler aux gens. J’ai commencé à voir un psychiatre régulièrement. Il m’a donné des outils que je pouvais utiliser quand j’avais perdu espoir, quand je n’avais plus envie de vivre, ou quand je craignais de rechuter.
 
C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui. Il faut s’ouvrir et demander de l’aide, faire confiance à quelqu’un et dire à quelqu’un ce qu’on ressent vraiment, sans crainte. J’avais peur de demander de l’aide. J’avais peur qu’on me dise que quelque chose n’allait pas bien avec moi, ou qu’on m’enverrait dans un service psychiatrique, au lieu de m’écouter. Mais ce conseiller m’a vraiment écoutée, il a vraiment écouté ce que je ressentais et m’a aidée à avancer, m’a donné les outils dont j’avais besoin, et c’est pour ça que je suis toujours ici aujourd’hui.

Que diriez-vous à quelqu’un qui a peur de demander de l’aide, ou qui pense que personne ne se préoccupe de son sort ?

Il y a toujours quelqu’un qui est là. Parfois ce n’est pas juste devant nous. Parfois c’est un étranger dans la rue avec qui on commence à parler. Mais demander de l’aide est la première étape—et la plus importante.

Si vous songez au suicide, un intervenant qualifié est prêt à écouter. Appelez le Service canadien de prévention du suicide au 1-833-456-4566, à toute heure du jour ou de la nuit. Et pour connaître l’histoire de gens qui ont demandé de l’aide, visitez le cavamieux.ca.