À quoi ressemble une intervention en cas d’incident ferroviaire ? Une policière du CN fait part de son expérience

Quand une personne est tuée ou blessée par un train, les répercussions se font largement ressentir.  La famille, les employés ferroviaires, les intervenants d’urgence et des communautés entières peuvent être changés à jamais à la suite d’un incident.  Pour le blogue de cette semaine, nous avons demandé à la policière du CN Lise Aquin, de Winnipeg, de partager son expérience comme première intervenante aux incidents ferroviaires. À quoi ressemble la scène d’un incident ferroviaire ? Pour les premiers intervenants à de tels incidents, c’est habituellement le chaos quand nous arrivons sur les lieux en raison de différents facteurs : grandes foules, autres intervenants d’urgence, passants, chef et mécanicien du train, et personnes blessées qui peuvent être dans un état de panique, de confusion, de douleur et/ou de délire. La circulation routière et ferroviaire est bloquée et les tensions montent des deux côtés.  Des débris jonchent la scène.  Les cloches du chemin de fer sonnent constamment en arrière-plan, un son qui résonne souvent dans nos têtes pendant les jours qui suivent.  Les policiers, les pompiers et les ambulanciers travaillent fort pour soigner les personnes blessées, tout en restant concentrés sur leurs priorités. La scène comment à se dégager quand toutes les personnes impliquées sont prises en charge par les équipes médicales.  À ce moment, l’enquête sur l’incident a déjà commencé.  En plus des dommages physiques causés aux véhicules et/ou aux gens, ce sont les dommages émotifs qui durent souvent le plus longtemps.  Comme notre travail consiste entre autres à interroger les témoins, les victimes, les suspects et les équipes de train, nous voyons les dommages sous tous les angles.  Quand vous pensez aux incidents auxquels vous êtes intervenue, est-ce qu’il y a des éléments communs ? Je suis toujours frappée par le fait que la plupart des incidents auxquels j’ai assisté, voire tous, auraient pu être évités.  Les accidents sont parfois dus à des facteurs que nous ne contrôlons pas comme les conditions météorologiques, mais même dans ce cas, si un automobiliste respecte les conditions de conduite, son temps de réaction devrait suffire à éviter de heurter un train ou d’être heurté par celui-ci.  Une trop grande confiance coûte de nombreuses vies. De plus, les intrus enfreignent sciemment la loi et se mettent en danger, ainsi que d’autres personnes, habituellement pour « prendre un raccourci ».  J’entends souvent les gens dire « Et alors » ou « Je vais entendre le train arriver » alors qu’ils ont des écouteurs dans les oreilles.  La mentalité « Ça ne m’arrivera pas à moi » est toujours bien présente, mais si nous travaillons tous ensemble, nous pouvons éliminer de telles catastrophes évitables. Comment le fait d’assister à des incidents comme intervenante d’urgence vous touche-t-il personnellement et professionnellement ? Quand j’ai entrepris ma carrière, je ne savais combien de personnes étaient touchées par un seul incident.  Ce ne sont pas seulement la ou les victimes, ce sont aussi les témoins, le personnel d’urgence, la famille et les amis.  De plus, tous les employés ferroviaires présents, et même ceux qui ne sont pas là, sont profondément touchés par de tels incidents. Ça a changé la façon dont je vois le monde, ainsi que le milieu dans lequel je travaille.  On peut souvent dire que la police est « trop sérieuse ».  J’aimerais tellement pouvoir graver mon expérience dans l’esprit des gens qui semblent inconscients du danger, pour qu’ils voient d’eux-mêmes comment de telles tragédies peuvent être évitées. Quelle est la chose que vous aimeriez que les Canadiens sachent au sujet de la sécurité ferroviaire ? Un raccourci peut vous tuer et ces quelques dix minutes n’en valent tout simplement pas la peine.  C’est vous qui choisissez le chemin que vous prenez, alors prenez le bon, car ça peut être un point de non-retour. Qu’aimeriez-vous que les gens pensent quand ils voient des propriétés ferroviaires et des voies ferrées ? Les propriétés ferroviaires devraient être considérées de la même façon que les grosses autoroutes ou les pistes d’aéroport.  Il ne faut tout simplement pas s’y trouver.  Les dangers connexes sont trop grands et ne bénéficient à personne.  Apprenez à rester loin !