L’impact durable d’une tragédie ferroviaire

Quand les membres de la promotion de 1978 de l’école élémentaire Hillview vont se retrouver pour leur 41e réunion à Menlo Park, en Californie, le 11 mai, ils vont partager des photos de leurs enfants, voire de leurs petits-enfants.  Ils vont parler du passé.  Et ils vont se souvenir de leur ancienne camarade de classe Ann Marie Hard.
 
La jeune fille de 14 ans a été tuée par un train en 1978.  Mais même après plus de quarante ans, ceux qui ont été à l’école avec elle n’ont pas oublié le tragique incident qui lui a enlevé la vie.  Susan Laird est l’une de ces personnes.  Elle sera présente à la réunion de ce week-end et elle a partagé ses souvenirs de cette journée avec Opération Gareautrain.
 
Ann Marie Hard a été tuée alors qu’elle et une amie ont contourné la barrière abaissée quand un train de banlieue a quitté le terminus de Menlo Park.  Ce que les filles ignoraient est que le bruit d’un train qui part cache celui d’un train qui arrive.
 
J’avais joyeusement quitté le terminus avec un milkshake de Foster’s Freeze cinq minutes plus tôt avec mon père après l’école, mais des amis ont assisté à toute la scène.  Ils ont fait des cauchemars pendant des années.
 
L’amie d’Ann Marie a réussi à traverser la voie, et Ann Marie y est presque arrivée… mais son pied a glissé de la pédale de son vélo au moment crucial.  Elle et son vélo ont été happés par le chasse-pierre du moteur diesel.  Elle a immédiatement glissé sous le train alors qu’il arrivait à l’intersection de la rue.  Le corps d’Ann Marie a été traîné sur plus de 30 mètres avant que le train puisse s’arrêter.
 
Les amis ont dit que ça s’était passé comme au ralenti, mais la réalité est que ça a pris une seconde ou moins.
 
C’est arrivé en octobre 1978, mais mes camarades de classe et moi nous en souvenons parfaitement bien.
 
Les policiers de Menlo Park sont venus à notre école la semaine suivante.  Ils étaient lugubres et plutôt contrariés par cette vie perdue.  Comment pouvions-nous être aussi bêtes ?  Ils étaient là pour nous faire peur.  Et ils ont réussi.
 
J’en ai appris plus sur la puissance et le danger des trains que ce que j’aurais jamais voulu savoir.  Sur ce qui arrivera à votre corps si votre pied reste coincé dans un aiguillage.  Sur la façon dont on peut tuer d’autres personnes ou les mutiler en mettant des pièces de monnaie sur les voies ferrées.  Avec des images à l’appui...
 
Les trains sont un moyen de transport sécuritaire.  Mais ils sont puissants et on doit les respecter.  Ils quittent rarement les rails, alors nous devrions rester loin des rails chaque fois que c’est possible.
 
Je ne blâme pas les trains.  Je ne blâme pas les victimes.  La faute est le manque de connaissances.  Je pense vraiment que nous devons apprendre aux enfants à rester loin des voies ferrées dès leur plus jeune âge, et pourquoi.
 
Susan Laird est éditorialiste pour The Mountain Democrat à Placerville, en Californie, et rédactrice en chef émérite de l’East Sacramento News