Lettre ouverte à tous les membres de l'Association canadienne des journalistes et de la RTNDA
La lettre suivante a été envoyée à tous les membres de l'Association canadienne des journalistes (ACJ) et de la RTNDA :
Alors que nous soulignons la #SemaineDeLaSantéMentale au Canada, je vous écris pour vous demander votre aide afin de garder les gens en sécurité et en vie.
Les médias ont mauvaise presse ces temps-ci – souvent à tort. J’ai été journaliste, et je connais les nombreux défis que pose ce métier. Ces défis ne font que croître au fil des ans et alors que les ressources se font de plus en plus rares.
Vous faites maintenant concurrence à tous ceux qui possèdent un téléphone et un compte sur les médias sociaux pour les clics, les j’aime, les visiteurs et le temps. Des gens qui se fiaient auparavant à vous pour savoir ce qui s’était passé dans leur monde un jour donné – et l’information dont ils avaient besoin pour organiser leur vie – obtiennent désormais leurs « nouvelles » auprès de très nombreuses sources.
Les vidéos virales et les posts à la mode sont des sources attrayantes de contenu. Je comprends. Cependant, je vous écris pour vous demander respectueusement de résister à la tentation de diffuser et d’amplifier des images montrant des gens pénétrant illégalement sur la propriété ferroviaire et réalisant des activités dangereuses, potentiellement mortelles, sur des wagons et l’infrastructure ferroviaire.
Ces dernières semaines, sur des marchés de toutes tailles, partout au pays, des médias ont publié une foule d’articles sur des créateurs de contenu qui ont posté des vidéos d’eux-mêmes en train de « surfer » sur des trains, d’escalader des ponts ferroviaires et d’en sauter, de courir entre des wagons ou de mettre leur vie en danger pour gagner des clics, des j’aime et des abonnés.
Tragiquement, certaines de ces activités ont eu des conséquences mortelles. De jeunes vies ont été interrompues, d’autres ont été bouleversées à jamais. Je demande que nous n’encouragions pas ce comportement et que nous n’incitions pas les imitateurs en donnant à ces vidéos une audience encore plus grande. Cela pourrait avoir des conséquences fatales pour les gens qui luttent pour leur bien-être mental.
Chez Opération Gareautrain Canada, nous cherchons à attirer l’attention des plateformes sociales sur de telles vidéos, surtout quand elles violent manifestement les conditions d’utilisation ou les normes sociétales. Les géants des médias sociaux ont parfois le mérite de prendre des mesures et de supprimer ces posts.
Mais si elles se retrouvent dans votre reportage – même si les risques juridiques et de sécurité sont bien contextualisés –, il est possible que ces vidéos continuent à être vues et incitent d’autres personnes à créer leurs propres reconstitutions dangereuses, même si l’original a été supprimé à la source.
Je vous prie, dans le but de sauver des vies et de prévenir des tragédies ferroviaires, d’éviter de présenter des actes illégaux et dangereux commis près de la propriété ferroviaire.
Le journalisme canadien a une tradition généralement fière de traiter les sujets difficiles avec sensibilité et prudence. Dans les salles de presse où j’ai commencé ma carrière, d’importantes discussions politiques sur le choix du langage, les politiques de vérification et de reportage, et plus encore étaient la norme. Ces discussions et ces mesures de surveillance avaient pour but d’assurer que nos différentes audiences étaient servies le mieux possible. Leurs besoins passaient avant tout. Je suis convaincu que cet engagement envers le service public est toujours bien vivant aujourd’hui.
Merci pour tout ce que vous faites, jour après jour, pour raconter des histoires aux Canadiens de manière responsable et dans le meilleur intérêt de vos diverses audiences. Et merci à l’avance d’aider Opération Gareautrain à assurer la sécurité des gens, à soutenir la santé mentale et à réduire les tragédies évitables.
Cordialement,
Chris Day
Directeur national par intérim
Opération Gareautrain Canada