La perte d’un enfant est le pire cauchemar de tous les parents—et les parents d’Amanda Kirchner l’ont vécu. En août 2016, Amanda a été tuée par un train à Westminster, au Colorado, alors qu’elle prenait un raccourci par les voies ferrées pour se rendre au travail. Elle n’a pas entendu le sifflet d’avertissement du train parce qu’elle portait des écouteurs antibruit.
Aujourd’hui, son père Ashley, sa mère Sue et son beau-père Mark cherchent à empêcher que d’autres jeunes perdent la vie. En décembre 2017, ils ont lancé
#OneEarOut, une campagne éducative visant à pousser les gens à avoir une oreille découverte quand ils portent des écouteurs—que ce soit à pied, à vélo ou en voiture.
Nous avons parlé avec le père d’Amanda, Ashley Kirchner, de la campagne familiale visant à sensibiliser les gens à la nécessité d’être toujours alertes près des voies ferrées et aux dangers des intrusions sur la propriété ferroviaire.
Pouvez-vous nous dire ce que vous savez de l’accident d’Amanda ?
Elle a pris un raccourci ce jour-là. Nous l’ignorions, mais c’était un raccourci qu’elle avait déjà utilisé. Sur une partie de ce raccourci, elle devait marcher le long de la voie. Et comme nous le savons tous, les trains n’ont pas la même largeur que les voies ferrées—ils dépassent de près d’un mètre de chaque côté. Et malheureusement, un train est arrivé derrière elle, pleinement chargé, incapable de s’arrêter, et l’a happée. D’après ce que nous avons compris, les conducteurs et les mécaniciens l’ont vue sur la voie et ont tout fait pour capter son attention et ralentir, mais comme elle portait ses écouteurs, elle n’a rien entendu.
Quand avez-vous réalisé que les écouteurs avaient joué un rôle clé dans sa mort ?
Eh bien, les agents de police nous ont dit qu’ils savaient qu’elle portait des écouteurs, et que les conducteurs du train pouvaient le voir. Et les écouteurs étaient détruits en cinq morceaux, éparpillés. Je les garde dans un sac. Et c’est ma fille. Je l’ai vue de nombreuses fois, rentrant de l’école, dansant sur le trottoir avec ses écouteurs sur les oreilles. Amanda adorait la musique depuis qu’elle était née. La musique était sa vie. Nous avions ces conversations, ces discussions et ces disputes, même à la maison. Nous voulions attirer son attention quand elle était dans sa chambre, mais elle portait ses écouteurs. Il n’y avait pas un seul jour où nous ne disions pas : « Amanda, tu pourrais enlever des écouteurs, nous essayons de te parler, il y a d’autres personnes ici. » C’était tous les jours comme ça.
Pourquoi avoir décidé de lancer la campagne #OneEarOut ?
Même pas une semaine après l’accident, Mark et moi tentions d’imaginer ce que nous pouvions faire. Nous nous demandions comment faire une sensibilisation. Comment faire ? Et c’est là que nous avons eu l’idée. C’est juste une question de sensibilisation.
Je ne vais pas aller dire aux gens : « Enlève ces saloperies d’écouteurs. » Nous aimons tous la musique—j’adore la musique comme tout le monde. Et je peux dire que je me suis senti coupable d’avoir porté des écouteurs. Mais j’ai compris que je dois pouvoir savoir ce qui se passe autour de moi dans la circulation—ou avec les voitures, les vélos, les joggeurs, tout—et je reconnais que ça n’était pas le cas avant, avec les écouteurs.
Est-ce que la campagne change quelque chose ?
Oui. Non seulement des gens nous envoient des messages par courriel ou sur Facebook, nous racontant leur histoire, mais nous avons aussi un mur de
promesses. Les gens nous envoient des photos montrant qu’ils promettent d’avoir une oreille dégagée. Il y a des gens qui viennent me voir pour me dire qu’ils ont entendu parler de la campagne. Ou parfois je vois quelqu’un dans la rue, un parfait étranger, avec une oreille dégagée et je lui demande pourquoi il fait ça, puis je lui explique pourquoi c’est important.
Qu’est-ce que vous espérez accomplir ?
Sensibiliser tout le monde—principalement les étudiants, parce que c’est le groupe d’âge qui porte des écouteurs. Mais aussi tout le monde en général. Nous avons une bonne réaction de tous les groupes d’âge, des jeunes adultes en particulier. Nous voulons que les gens comprennent le risque pour la sécurité quand on a les oreilles couvertes.
Nous pensons à nous adresser aux entreprises qui fabriquent des écouteurs pour leur demander d’inclure un avertissement bien visible disant : « Vous devez être conscients de votre entourage quand vous vous déplacez. » Je ne veux pas leur dire qu’ils fabriquent un produit qui met les gens en danger, parce que je peux utiliser ce produit à la maison et être parfaitement bien. Mon but est de faire comprendre aux gens que s’ils sont à l’extérieur, en vélo, en jogging ou n’importe quoi, ils ne devraient pas couvrir leurs deux oreilles. C’est tout ce que je veux. Est-ce que je peux y arriver ? Peut-être avec suffisamment de promotion, suffisamment de conversations. C’est ce que nous tentons de faire.