Rencontre avec l’Ambassadrice de la sécurité ferroviaire Catherine Norris
Pendant 21 ans, Catherine Norris a pris le train de banlieue de Montréal, aller-retour, de son travail à sa maison de Pierrefonds. C’est la façon parfaite de faire la navette. Mais toutes ces années à prendre le train lui ont également appris à quelle vitesse des tragédies peuvent arriver lorsque les gens ne respectent pas les règles de sécurité ferroviaire.
Cette mère de deux enfants habite dans une communauté qui a été bouleversée par la mort de Tristan Morrissette-Perkins en juillet 2018. Il n’avait que 16 ans ! Tristan et deux autres garçons prenaient des photos sur un pont ferroviaire près de Lancaster, en Ontario, lorsqu’un train de voyageurs venant de Montréal et en route pour Toronto est arrivé sur la voie ferrée. Les deux autres garçons ont survécu. Pas Tristan…
Cet automne, Mme Norris a rejoint notre équipe d’Ambassadeurs qui nous aident à diffuser le message sur la sécurité ferroviaire en ligne et dans les communautés à travers le Canada. Elle a fait part à Opération Gareautrain des raisons qui l’ont poussée à vouloir nous aider dans notre quête en vue d’empêcher les tragédies ferroviaires—comme celle de Tristan—de se produire.
Pourquoi avez-vous décidé de devenir une Ambassadrice de la sécurité ferroviaire
En travaillant pour le CN, nous entendons malheureusement beaucoup parler de tristes histoires d’incidents qui surviennent sur les voies ferrées. J’ai également une expérience personnelle en ce qui concerne les tragédies ferroviaires. En effet, il m’est arrivé plusieurs fois d’être à bord de trains qui ont heurté des gens. J’ai même vu quelqu’un se faire happer par un train. Mon fils est allé à l’école avec un garçon qui a été tué par un train juste après l’obtention de son diplôme il y a quelques années, alors cette cause me touche de très près.
Lorsque vous prenez le train et qu’un incident de ce genre se produit, que ressentez-vous ?
C’est affreux ! Vous êtes en quelque sorte conscient que ça peut arriver lorsque vous voyagez depuis tant d’années. Mais c’est autre chose lorsque cela se produit.
Les mécaniciens de locomotive actionnent leur sifflet comme des fous lorsqu’ils voient un problème. Sans même regarder par la fenêtre, vous savez que quelqu’un ou quelque chose doit se trouver sur la voie ferrée et ça vous retourne complètement l’estomac.
Je m’assois généralement dans le premier wagon lorsque je voyage. Et quand vous êtes assis à l’avant, vous savez que le train a heurté quelqu’un. Vous pouvez en fait le sentir. Lors du dernier incident auquel j’ai assisté, j’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu une mère avec son jeune enfant qui avait assisté à la scène. C’était tout simplement crève-cœur à voir ! Elle avait mis sa main devant les yeux de sa fille afin que celle-ci ne voie pas quelque chose d’aussi traumatisant.
C’est difficile quand quelque chose comme ça arrive, surtout lorsque vous savez que cela aurait facilement pu être évité.
Comment le fait de prendre le train chaque jour pour aller au travail et en revenir—et voir des choses comme celles-là se produire—affecte-t-il votre propre comportement près des voies ferrées et des trains ?
Cela vous rend indéniablement plus conscient. Tous les jours on voit des gens traverser les voies ferrées sans regarder, et j’avoue que lorsque j’ai commencé à prendre le train, je me suis parfois comportée comme ces personnes. Les gens traversent les voies pour attraper leur train et arriver à l’heure au travail, et ils ne regardent même pas… cela remet certainement en perspective le fait qu’il vaut mieux être 15 ou 30 minutes en retard qu’être heurté par un train. Ça ne vaut pas le coup de perdre votre vie !
Je suis beaucoup plus vigilante avec les amis qui voyagent avec moi. J’ai pris le train avec le même groupe pendant plusieurs années et je suis parfois très sévère avec eux. Dans le cadre de la Semaine de la sécurité ferroviaire de cette année, nous sommes allés manger au restaurant, je leur ai apporté toutes les brochures dont je disposais et me suis assurée que nous discuterions de sécurité ferroviaire, même si les règles devaient être évidentes. Il m’a juste semblé que c’était la bonne chose à faire.
Vous êtes également mère de deux adolescents. Comment faites-vous pour leur transmettre le message sur la sécurité ferroviaire ?
Principalement en mettant l’accent sur la sécurité en général, pas uniquement la sécurité ferroviaire. J’ai surpris plusieurs fois mon fils avec des écouteurs alors qu’il roulait à bicyclette, ce qui est aujourd’hui illégal. Alors j’ai essayé de lui rappeler de ne pas faire ça. J’essaie de leur apprendre à être conscients de leur entourage et à ne pas jouer ou prendre des photos dans des endroits dangereux. Mon fils joue au baseball, alors j’essaie également de parler de la sécurité ferroviaire avec son équipe. Avec un peu de chance, au moins un ou deux d’entre eux écouteront et aideront à changer les choses.
Que diriez-vous à ces gens qui traversent les voies ferrées en courant, passent sous les passages à niveau, ou transgressent d’autres règles de sécurité ferroviaire et se mettent ainsi en danger ?
DÉBRANCHEZ-VOUS ! Opération Gareautrain a beaucoup de bons slogans que les gens devraient prendre à cœur. « Regarder, Écouter, Vivre » en est un très bon. Ça ne vaut la peine de risquer votre vie pour gagner deux secondes . Les gens meurent pour rien. La plupart des tragédies dont nous entendons parler sont dues aux intrusions sur la propriété ferroviaire ou au non-respect des règles. Malheureusement, ces gens le paient de leur vie, et ça n’en vaut vraiment pas la peine !