Les conséquences d’un accident sur un mécanicien de locomotive

Des millions de Nord-Américains se déplacent pour aller travailler tous les jours—et nombre d’entre eux utilisent les trains de banlieue pour le faire. À l’avant de chacun de ces trains se trouve un mécanicien de locomotive—quelqu’un comme Maurice Taylor.
 
Maurice travaille pour le chemin de fer de banlieue de Chicago, Metra, depuis 16 ans. Au cours de cette période, il a vu de nombreux comportements non sécuritaires et a eu plus que sa part de quasi-accidents. Malheureusement, tôt dans sa carrière, il a été témoin d’une intrusion mortelle.
 
Maurice a partagé son histoire dans l’une des quatre nouvelles vidéos #FINILesVoiesTragiques présentées pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire en septembre. Dans la vidéo, il parle des conséquences que cet incident mortel a eues sur lui. Voici une partie de sa discussion avec Opération Gareautrain.
 
Que s’est-il passé ce jour-là ?
 
C’était un dimanche soir et nous quittions la gare. C’était l'hiver, et il faisait sombre et froid. J’ai vu qu’il y avait quelqu’un sur la voie. J’ai donc actionné le klaxon et j’ai freiné, mais l’homme n’a pas bougé. J’ai alors mis le train en arrêt d’urgence. À ce moment, je savais que l’homme était trop près et j’ai compris qu’il n’y avait aucun moyen de l’éviter. Je ne pouvais rien faire. Nous l’avons heurté et il est mort sur le coup.
 
À quoi pensiez-vous pendant ce temps ?

Je me disais : « Ce n’est pas possible. Il y a quelqu’un sur la voie. » J’étais nerveux, secoué. On entend parler de ça tout le temps, mais on ne pense jamais que ça va nous arriver. Et même si je ne pouvais rien faire, je me disais : « Qu’est-ce que j’aurais pu faire pour sauver cet homme ? »
 
Comment un tel incident affecte un mécanicien de locomotive ?
 
Certains ne peuvent plus travailler après un tel incident. Certains prennent un congé pour invalidité, d’autres prennent leur retraite ou trouvent un autre travail. Et ça n’affecte pas que le mécanicien—ça touche sa famille. Parfois, les conséquences sont si fortes qu’il ne peut plus travailler. J’ai entendu parler de tels cas.
 
Qu’avez-vous fait pour surmonter cet incident ?

C’est difficile. Ça va mieux avec les années. Je crois que c’est tout simplement une question de temps. Mais on y pense. J’y pense chaque fois que je vais dans cette zone—c’est-à-dire tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. C’est difficile. En fait, je me demande si on peut vraiment s’en remettre. J’ai eu de la difficulté à retourner travailler après ça.
 
Que diriez-vous aux gens qui font intrusion sur les voies ferrées ?
 
Je leur dirais qu’ils pensent peut-être que c’est un bon raccourci—mais c’est faux. Je leur dirais probablement que ça n’en vaut pas la peine. Vous savez, quand je vois des gens sur une voie ferrée, je ne peux pas faire grand-chose. Je ne peux pas bifurquer pour les éviter. Parce qu’au moment où je les vois, il est déjà trop tard. Si vous êtes en retard, ça n’en vaut pas la peine. Il n’y a pas de raccourci sécuritaire. Prenez le long chemin. Regardez, écoutez, vivez.