Partager des histoires d’espoir: José Claer

Les Canadiens transgenre (trans) font face à des défis uniques en matière de santé mentale, surtout quand leur identité de genre n’est pas reconnue. Ils sont aussi deux fois plus susceptibles de penser au suicide ou de faire une tentative que les personnes qui s’identifient en tant que lesbiennes, gais ou bisexuels—un fait que José Claer ne connaît que trop bien. Cet homme trans de Gatineau a lutté avec des pensées suicidaires pendant de nombreuses années avant de trouver de l’aide. 

La nouvelle campagne Ça va mieux d’Opération Gareautrain permet aux Canadiens comme José de savoir qu’ils n’ont pas à lutter seuls. Cette campagne de sensibilisation publique à la prévention du suicide comprend 11 vidéos poignantes et remplies d’espoir (six en anglais et cinq en français) racontant l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des idées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Voici une partie de l’histoire de José :
 
Quand avez-vous eu des pensées suicidaires pour la première fois ? 
 
Avant d’avoir des idées suicidaires, des idées noires, je crois que c’est le mal être qui était rendu chronique depuis l’enfance jusqu’à la… jusqu’au début de ma trentaine. Le fait de sentir que sa peau ne fait plus le tour de son corps, qu’on a grandi dedans, mais que ce n’était pas nous. C’était d’être dans le corps d’une fille alors que tout en moi à l’intérieur criait que j’étais bien un garçon. 
 
Les idées suicidaires sont venues du fait que je n’étais plus capable d’en prendre. À un moment donné on est saturé. Saturé de larmes. 
 
Qu’est-ce qui a changé ? 
 
En fait, l’élément déclencheur est arrivé par la télévision. C’est une émission de Janette Bertrand à Télé-Québec. Elle avait réuni autour de sa table des transsexuels. Il y avait des garçons qui étaient devenus des filles, et des filles qui étaient devenues des garçons. Et là je savais que je n’étais pas seul au monde. Et que je n’étais pas folle dans ma tête. Et je comprenais que d’autres personnes avaient réalisé mon rêve. Et je me disais, « Je suis capable de le faire. Si on me donne des outils, si on me dit par où passer. » Il n’y avait pas d’Internet donc on m’a donné une adresse qui était l’Hôpital Saint-Luc à Montréal. J’ai envoyé une lettre avec un timbre. On m’a répondu. Et j’ai pris l’autobus, et je m’y suis rendu. Et la personne qui m’a rencontré, c’était un sexologue. J’étais maquillé, coiffé, en jupe—même en minijupe—et il m’a dit, « Monsieur ». Et il voyait l’homme que j’étais vraiment. Et j’ai compris que ça marcherait, que j’aurais le droit d’être tout haut ce que j’avais été tout bas dans ma tête et mon corps depuis le début de ma vie. 
 
Comment ça va aujourd’hui ?
 
J’ai une phrase justement qui est le contraire de la phrase de tout le monde. On dit, « Vivre sa vie comme si c’était le dernier jour. » Je n’aime pas cette phrase parce que c’est négatif pour moi. Et moi je dis, « Vivre sa vie comme si c’était chaque jour le premier jour. » La découverte pure. C’est la première fois aujourd’hui que vous voyez de la neige, comment vous vous sentez ? Parce qu’il y a juste le Carpe Diem qui existe, puis ça vaut la peine de le vivre. 
 
Que diriez-vous à quelqu’un qui lutte comme vous l’avez fait ? 
 
On ne se fait pas tout seul, personne n’est une île. Il y a eu beaucoup de gens qui m’ont écouté, qui m’ont guidé, mais je crois que le mieux, c’est que moi un moment donné j’ai commencé à m’écouter. Et à être plus sensible envers moi-même. De ne plus m’haïr. Mais si vous obtenez de l’aide, si je m’ouvre aux autres, il y a des gens qui vont m’ouvrir les bras aussi. Juste être bien, c’est possible. Peut-être pas ce soir, peut-être demain matin. Parce que je suis sûr qu’il y a encore un demain matin. 
 
Si vous avez des idées suicidaires, un intervenant qualifié est là pour vous écouter. Composez le 1-833-456-4566 (Canada) ou le 1-866-APPELLE (Québec), à toute heure du jour ou de la nuit. Et pour connaître l’histoire de personnes qui ont cherché de l’aide, visitez le çavamieux.ca.