Le point de vue d’une jeune fille sur le danger de marcher sur les voies ferrées

Lorsqu’une jeune personne perd la vie, c’est toujours tragique.  Mais ça l’est davantage lorsque cette mort aurait pu être évitée.

Chaque année, en Amérique du Nord, plus de 2 100 personnes perdent la vie en raison d’intrusions sur le domaine ferroviaire ou d’incidents aux passages à niveau.  Beaucoup de ces tragédies concernent des jeunes qui commettent l’erreur de marcher sur les voies ferrées—des jeunes comme Kevin Kenyon.

En mai 2015, ce jeune homme de 25 ans a été heurté et tué par un train alors qu’il prenait un raccourci pour aller au travail.  Il n’a pas entendu le train arriver, car il portait des écouteurs.  Les conducteurs ont pu voir Kevin sur les rails, mais n’ont pas réussi à arrêter le train à temps.

Depuis la mort de Kevin, sa mère Nancy et sa petite sœur de 12 ans, Kiki, se sont toutes les deux exprimées publiquement au sujet de sa mort tragique afin de sensibiliser le public aux dangers de marcher sur les voies ferrées.

Leur histoire est relatée dans l’une des sept vidéos de la campagne #FINILesVoiesTragiques d’Opération Gareautrain.  Chaque vidéo raconte à quel point un incident ferroviaire peut affecter les gens et est un dur rappel des effets dévastateurs qu’il peut avoir sur leur entourage.

Dans la vidéo, Kiki parle de la mort de son frère et de la lutte de sa famille pour passer à autre chose.  Voici quelques extraits de sa conversation avec Opération Gareautrain.

Comment décrirais-tu ton frère Kevin ?

C’était quelqu’un de très attentionné qui faisait toujours de son mieux.  Il ne réussissait pas à tous les coups, mais ne se laissait jamais décourager.  Il était toujours agréable et très décontracté.  C’était quelqu’un de fantastique.  Il avait toujours des petits gestes attentionnés, spécialement envers ma mère, comme porter des choses pour elle.  Il aimait tout le monde.

Nous étions très proches.  Il prenait toujours le temps de jouer avec moi.  Quand j’étais toute petite, il regardait des films de Barbie avec moi.  Il prétendait lire un livre, mais je sais qu’il adorait les regarder avec moi.

Tu avais seulement neuf ans quand il est mort.  À quel point te souviens-tu du jour de son accident ?

Plutôt clairement.  C’était l’anniversaire de mon autre frère, Ricky.  Je me souviens de tout ce monde qui arrivait et Ricky avait invité une de mes amies.  J’avais un lapin et nous jouions avec lui dans le jardin.  Mon autre frère David est arrivé et j’ai vu qu’il pleurait.  Je lui ai demandé : « David, qu’est-ce qui ne va pas ? »  Il a continué à marcher et je lui ai dit : « David, tu dois me dire ce qui ne va pas ! »  Il m’a dit que Kevin était mort, et il m’a alors prise dans ses bras.  Après ça, je me souviens seulement de bribes éparpillées, comme les visages de ma famille…

Avant son accident, est-ce que tu pensais aux voies ferrées ?

Non, pas vraiment.  Si nous étions à l’extérieur en train de faire des courses ou autre chose, je regardais le train passer parce que j’ai toujours pensé que c’était cool.  Et je pensais également que traverser les voies ferrées était très amusant.  Et quand le train arrivait, j’aimais rire et jouer aux alentours.  Maintenant, les voies ferrées ne sont qu’un rappel que Kevin n’est plus là.

Comment sa mort vous a-t-elle affectés, toi et ta famille ?

C’est très difficile à dire, mais ça a changé la façon dont nous faisons les choses.  Noël et les vacances sont très différents, et Noël était particulièrement différent la première année.  C’était comme irréel.  L’anniversaire de Kevin n’est qu’un rappel de sa mort.  Même mon sommeil est perturbé parce que je pense à lui quand je vais me coucher.  De petites choses comme ça.  Différentes choses m’ont affectée.  C’est difficile à dire.

C’est plus difficile pour ma mère.  C’est difficile de la voir confrontée à tout ça, parce que parfois elle en est incapable, et c’est compréhensible.  Nous regardions un film un soir dans lequel quelqu’un était heurté par un train, et elle a dû aller dans la salle de bains pour pleurer.  C’est très difficile pour moi lorsque je vois ou j’entends un train.  C’est très difficile.

Tu t’es exprimée en public au sujet de son accident.  Pourquoi faire ça ?

Eh bien, je pense que la meilleure façon pour moi de m’en sortir est de parler de lui.  C’est une des choses qui m’aident.  J’ai suivi une thérapie—et je la suis toujours.  Cela m’aide beaucoup parce que je peux parler de lui et ne pas sentir que j’accable ou ennuie quelqu’un.

Et aussi, je ne veux pas qu’une autre famille ait à subir ça et devoir planifier ensemble des funérailles pour un membre de la famille.  Ça m’aide beaucoup à accepter la mort de Kevin et à m’assurer que personne n’aurait à vivre la même chose.