Les répercussions de tous les incidents de train
Chaque fois que quelqu’un est tué à un passage à niveau ou au moment d’une intrusion sur une propriété ferroviaire, ça touche beaucoup de monde. Il y a les évidences, comme les parents, les frères et sœurs, les conjoints et les amis. Mais il y a aussi ceux à qui on pense rarement : les mécaniciens de locomotive qui conduisent le train, les intervenants d’urgence appelés sur la scène et la police qui doit enquêter sur l’incident.
Ces huit dernières années, le détective Rob Hanson a été appelé sur les lieux de 47 incidents. Il connaît le nombre exact parce qu’il se souvient de chacun d’eux.
Hanson est détective régional pour Amtrak. Ses expériences comme enquêteur sur les incidents ferroviaires font l’objet de l’une des sept nouvelles vidéos de la campagne #FINILesVoiesTragiques d’Opération Gareautrain. Chaque vidéo raconte l’histoire d’une personne touchée par un incident ferroviaire—et nous rappelle durement les répercussions de chaque incident.
On peut regarder la vidéo de Hanson ici et poursuivre la lecture pour savoir comment le fait d’avoir enquêté sur des incidents ferroviaires l’a affecté.
Pouvez-vous me parler du premier incident pour lequel vous avez été appelé ?
Oui. Je m’en souviens parce que moi et deux autres gars sortant de l’académie étions les seuls à travailler. C’est un homme en bicyclette qui avait contourné les barrières à un passage à niveau et qui avait été heurté et tué par un train qui allait vers le nord.
Quelle a été la partie la plus pénible de ce premier incident ?
Probablement la prise des photos. Je ne crois pas que nous avons dû prévenir les proches cette fois. Je crois que si nous l’avions fait, je m’en souviendrais.
Comment vous préparez-vous à dire aux membres de la famille qu’ils ont perdu quelqu’un ?
On ne peut pas. On ne se prépare jamais vraiment parce que les circonstances diffèrent chaque fois. Chaque famille réagit très différemment. J’essaie d’être ouvert et honnête avec tout le monde. Le plus important est d’être transparent avec les proches. Je crois que ça aide beaucoup.
Est-ce que c’est difficile pour vous ?
Oui. Certainement. On se souvient de tout. Je suis presque sûr que je peux me souvenir de tous les décès sur lesquels j’ai travaillé. Les circonstances sont tellement différentes, mais ce qui dérange vraiment, c’est ce qu’on ne sait pas. Quand quelqu’un se fait heurter par un train, on se demande : « Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi était-il là ? »
Pour être franc, on finit par se désensibiliser après un moment. Mais ça s’accumule. On se fatigue de devoir informer les proches — c’est probablement le pire, surtout quand ça arrive fréquemment, et que vous devez informer les proches à de nombreuses reprises en une courte période.
Est-ce qu’il y a un incident en particulier qui a été le plus difficile pour vous ?
Il y a eu un garçon de 14 ans qui a été tué alors qu’il marchait sur la voie avec un ami. Son ami a survécu, mais pas lui. Mais c’était le fils du chef des pompiers de la ville, qui a été le premier sur les lieux. Ça a été le pire pour lui. Je peux imaginer combien ça a dû être difficile parce que j’ai moi-même des enfants—deux garçons, de cinq et deux ans. Chaque fois que c’est un jeune, on s’en souvient beaucoup plus.
Ce garçon de 14 ans devait connaître le danger de marcher sur les voies ferrées, mais il l’a fait quand même. Qu’est-ce que vous aimeriez que les gens comprennent pour qu’ils n’aillent pas sur les voies ferrées ?
Peu de gens savent que des trains heurtent très souvent des gens. Le plus important est de transmettre ce message. Je parle dans des écoles et j’essaie de faire comprendre aux enfants que ça pourrait être eux. Ça ne devrait pas être eux et ça ne sera pas eux s’ils restent loin des voies ferrées. C’est le plus important, si vous n’êtes pas sur les voies ferrées, vous n’avez pas à vous inquiéter de vous faire heurter par un train. Chacun de ces incidents est évitable.
À votre avis, pourquoi y a-t-il encore de nombreux incidents ?
Manque de connaissance. Les gens ne comprennent pas combien les trains vont vite. Ils ne comprennent pas la dynamique des trains—par exemple qu’ils ne peuvent pas s’arrêter rapidement. Ils pensent qu’ils peuvent traverser sur les voies parce qu’ils ont vu un million d’autres personnes le faire, et ils pensent que ça ne leur arrivera pas.