Une simple erreur peut avoir des conséquences tragiques lorsqu’un train est impliqué
Par une nuit de novembre 2013, la vie de Michael Newnham, qui avait alors 17 ans, a connu une fin tragique lorsqu’il a été heurté par un train de banlieue à seulement quelques minutes de chez lui à Mississauga, en Ontario. Il a trébuché en courant à travers les voies ferrées pour rentrer chez lui après une soirée avec des amis. Il s’est faufilé sous les barrières du passage à niveau en croyant pouvoir être plus rapide que le train.
C’était une malheureuse décision d’une fraction de seconde qui a mis un terme à sa jeune vie.
Michael avait tout pour lui—et toute la vie devant lui. L’étudiant en cinquième secondaire était enjoué et populaire. Il faisait partie de l’équipe de rugby de son école et était capitaine de son équipe de hockey. Il avait postulé et été accepté pour aller au collège après l’obtention de son diplôme.
L’histoire de Michael est le sujet d’une nouvelle vidéo qui sera lancée dans le cadre de la campagne #FINILesVoiesTragiques d’Opération Gareautrain. Elle fait partie d’une série de sept vidéos qui racontent les histoires de gens touchés par des incidents ferroviaires—des parents et amis des victimes, aux mécaniciens de locomotive qui conduisaient le train, ainsi qu’aux premiers répondants présents sur la scène. Toutes les sept vidéos seront dévoilées pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire qui se tiendra du 23 au 29 septembre prochains.
Bien évidemment, la mort de Michael a eu impact à long terme sur sa famille, ses amis et ses anciens coéquipiers. Mais elle a également affecté Justin Alkhouri. Il est agent spécial chez Metrolinx, l’agence provinciale qui gère GO Transit. Il faisait partie des agents qui ont été appelés sur la scène, la nuit où Michael a été tué.
L’agent Alkhouri nous a parlé de cette nuit tragique et de l’effet que la mort de Michael a produit sur lui. Voici quelques extraits de cette conversation.
Quel était votre rôle cette nuit-là ?
Je n’étais pas le premier agent sur la scène. J’assurais la liaison avec les agents de police, le personnel des services médicaux d’urgence et les pompiers qui étaient déjà sur les lieux. J’étais également responsable de faire visionner aux détectives et au coroner les séquences du témoin silencieux—les séquences que la locomotive enregistre à l’avant et l’arrière du train en tout temps.
Pouvez-vous décrire ce qui est arrivé ?
Tout ce qu’on peut voir, c’est ce jeune homme qui essaie d’aller plus vite que le train, pour ensuite trébucher et tomber devant celui-ci, et n’avoir pas assez de temps pour se relever et l’éviter. Je ne peux qu’imaginer ce qu’il a vécu, ce n’était qu’un instant. À cet endroit précis, il y a au moins trois voies. Quand un train arrive à pleine vitesse, c’est difficile de dire sur quelle voie il roule. Je suppose qu’il s’est dit : « Oh, j’ai le temps de passer, » plutôt que d’attendre 20 secondes de plus.
À quel point était-il difficile de regarder cette séquence ?
Extrêmement difficile. Spécialement parce que je suis père de deux jeunes garçons. L’aîné a six ans et le cadet va bientôt avoir trois ans. Cela m’a affecté, je ne vais pas vous mentir. Ça ne m’empêche pas de dormir et je n’y pense pas tout le temps, mais je ne peux pas oublier. Je n’oublierai probablement jamais. Il y a eu d’autres incidents de routine où je me présente, je fais mon travail et je m’en vais. Je n’y pense même plus par la suite. Celui-ci était différent parce que ce jeune homme avait un énorme potentiel—comme tous les enfants je suppose… il a tout simplement fait une erreur bête qui a très mal fini.
Lorsque vous avez découvert que c’était un adolescent, qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?
Vous vous sentez impuissant. Vous vous dites : « Pourquoi n’étais-je pas là pour le voir et l’arrêter ? Ou lui parler, ou intervenir d’une quelconque manière. » Je suppose que c’est quelque chose à quoi on s’habitue. Qu’on ne peut malheureusement pas aider tout le monde !
C’est vraiment ça qui m’a le plus affecté : le fait que ce garçon a tout simplement fait une erreur bête, mais que malheureusement elle lui a coûté la vie.
Si vous aviez pu parler à Michael cette nuit-là, avant qu’il ne contourne les barrières, que lui auriez-vous dit ?
Tu as toute la vie devant toi. Tu es bourré de talent. Sois juste patient. S’il avait attendu exactement 20 secondes, le train serait passé sans aucun problème. Et Michael serait arrivé à la maison à peu près exactement à la même heure.