Aucun texto ne vaut une vie—lâchez votre téléphone

Il ne fait aucun doute que dans le monde connecté d’aujourd’hui, nous adorons nos téléphones. En fait, nombre d’entre nous avons de la difficulté à les oublier, même quand nous sommes au volant. Malheureusement, les téléphones et la conduite peuvent former une combinaison mortelle—un fait que Sandra LaRose connaît trop bien.

En août 2018, la fille de 16 ans de Sandra LaRose, Kailynn Bursic-Panchuk, est morte quand sa voiture a été heurtée par un train à Weyburn, en Saskatchewan. Kailynn utilisait son GPS pour naviguer et elle n’a pas vu ou entendu le train arriver.

Elle avait son permis depuis moins d’un an.

L’histoire tragique de Kailynn fait l’objet de l’une des huit vidéos qui seront mises en vedette dans le cadre de la campagne #FINILesVoiesTragiques 2019 d’Opération Gareautrain pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire (du 23 au 29 septembre). Chaque vidéo raconte l’histoire personnelle—et souvent déchirante—de quelqu’un qui a été touché par un incident ferroviaire.

Dans la vidéo, Sandra LaRose parle de la mort de Kailynn et de la façon dont elle l’a poussée à sensibiliser les gens aux dangers d’utiliser un téléphone quand on conduit. Voici une partie de sa conversation avec Opération Gareautrain.
 
Comment décririez-vous Kailynn ?
 
Kailynn était belle, à l’intérieur comme à l’extérieur.  Je crois que c’était une vieille âme. Elle était athlétique, intelligente, superbe et populaire—elle avait tout pour elle. Ce qui la distinguait était sa compassion, son empathie et sa générosité. Mais elle était aussi désinvolte et elle avait le rire et le sourire les plus contagieux du monde.  Elle éclairait la pièce. Elle avait un charisme et une confiance qui n’étaient pas de son âge.  Elle adorait l’école, les animaux, ses deux emplois, sa famille et ses amis. Elle était unique.
 
Est-ce qu’elle était très attachée à son téléphone ?
 
Après l’école, elle était sur son téléphone, prenant des photos, utilisant Snapchat et Instagram. Vous savez, des choses typiques des adolescents. Je ne connais pas un ado qui n’est pas comme ça. Mais quand nous étions en voiture et que je conduisais, elle me grondait si je répondais au téléphone. Elle disait : « Maman, c’est illégal ! »
 
Je sais qu’elle utilisait le Bluetooth pour sa musique. Je la grondais pour ça, parce qu’on doit regarder son téléphone quand on veut changer de chanson. Mais bien entendu, elle ne m’écoutait pas. Chaque fois qu’elle arrivait en voiture, on pouvait entendre le boum, boum de sa musique. Et la musique forte a joué un rôle dans son accident. Elle n’a pas entendu le sifflet du train, alors je sais qu’elle écoutait sa musique à fond.
 
Comment avez-vous appris qu’elle avait été heurtée par un train ?
 
Son amie Cameron m’a envoyé un message sur Facebook et m’a demandé de composer un numéro de téléphone. C’est ce que j’ai fait, et c’était la GRC. La GRC m’a dit que Kailynn avait eu un accident, et que le STARS (l’hélicoptère-ambulance) l’amenait à Regina, où elle serait 20 minutes plus tard. À ce moment, j’ignorais tout du train. Mais je savais que c’était grave s’ils la transportaient en hélicoptère.
 
Sur la route—mon mari conduisait—j’ai appelé Cameron pour lui demander ce qui était arrivé, et il y a eu un silence de mort. J’ai dit : « Cameron, que s’est-il passé ? » Et elle a répondu : « Un train l’a heurtée. » J’ai senti mon cœur se déchirer dans ma poitrine.
 
Que savez-vous de l’accident ?
 
Le train l’a heurtée et la voiture a roulé sur la voie, mais seulement du côté du conducteur. Elle a basculé du côté du conducteur. Je crois que la voiture était à la verticale quand les intervenants d’urgence sont arrivés. Elle a même dit son nom avant de tomber en convulsions. Elle n’avait qu’une blessure à la tête. Elle n’avait qu’une éraflure. Mais ils m’ont dit qu’elle avait de graves déchirures, ce qui est l’équivalent du syndrome du bébé secoué.
 
Elle est morte le lendemain de son 17e anniversaire. Ils m’ont dit l’après-midi de son anniversaire que si elle s’en tirait, elle n’aurait aucune qualité de vie. À 8 h 52 le 22 août, ils ont déclaré sa mort cérébrale.
 
Comment savez-vous que son téléphone a joué un rôle dans l’accident ?

L’agent de police qui est venu à la ferme pour me remettre son téléphone—parce que je voulais voir s’il y avait des photos pour la cérémonie—m’a dit que la raison de l’accident était la distraction. Google Maps était activé et elle avait des notifications Snapchat. Je ne dis pas qu’elle était sur Snapchat, mais son téléphone était actif, alors elle recevait tout. Ils savaient que Google Maps était activé parce que le point bleu sur Google Maps était exactement là où se trouvait sa voiture.
 
Quel est votre message sur l’utilisation de son téléphone au volant ?
 
Lâchez votre téléphone ! Rien n’est assez important pour qu’on réponde à un appel quand on conduit. Personne ne conduirait avec une bouteille de bière à la main parce que c’est illégal. Alors, si vous ne conduiriez pas avec une bière à la main, pourquoi utiliser votre téléphone ? Ignorez-le, mettez-le en mode « ne pas déranger ». Depuis l’accident de Kailynn, mon sac à main est sur la banquette arrière, avec mon téléphone. Parce que s’il est sur le siège à côté de moi ou sur le tableau de bord et qu’il clignote, je vais regarder. Et si je regarde mon téléphone, je ne regarde pas la route.
 
Une fois, je me suis arrêtée à un feu rouge à côté d’un homme qui était au téléphone, et je lui ai dit de lâcher son téléphone. Il m’a dit de me mêler de mes affaires. Eh bien, si quelqu’un s’était mêlé des affaires de ma fille de 16 ans, elle ne serait pas dans une urne dans le salon aujourd’hui. Je ne la verrai pas recevoir son diplôme. Je n’aurai pas de petits-enfants, et je ne pourrai pas planifier son mariage ou l’aider à emménager dans sa première maison. J’ai tout perdu, et ses amis aussi.