Partager des histoires d’espoir : Shane Partridge

Si on souffre de problèmes de santé mentale, on peut se sentir très seul. Il peut sembler qu’il n’y a pas d’issue et personne vers qui se tourner. Mais l’aide est au bout du fil—et la nouvelle campagne de sensibilisation à la prévention du suicide d’Opération Gareautrain le rappelle aux Canadiens. 
 
La campagne Ça va mieux comprend 11 vidéos poignantes et remplies d’espoir (six en anglais et cinq en français) racontant l’histoire personnelle de Canadiens qui ont eu des idées suicidaires, mais qui ont trouvé de l’aide. Shane Partridge est l’un de ces survivants. Cet homme de Saskatoon dit qu’il se sentait seul quand il était enfant, et qu’il a fait des tentatives de suicide. Plus tard, il a reçu un diagnostic de dépression, de TOC, d’anxiété et de TSPT.Pendant des décennies, il s’est tourné vers l’alcool et la drogue pour composer avec ses problèmes de santé mentale et il a fini par entrer dans un gang et à vivre dans la rue. Mais à 35 ans, il a compris que l’alcool mettait sa vie en péril et il a cherché de l’aide.Voici une partie de son histoire :
 
Pourquoi avez-vous eu des idées suicidaires ? 
J’ai grandi dans une ferme, et il n’y avait pas beaucoup d’autres enfants avec qui jouer. Il n’y avait pas de voisin juste de l’autre côté de la rue. Et le fait d’être seul à la ferme a commencé à me donner l’impression que je n’étais pas à ma place. Je n’avais pas l’impression d’être un enfant normal et je ne comprenais pas pourquoi. Et je ne pouvais dire à personne ce que je ressentais.

Vers neuf ou dix ans, j’ai commencé à voler des choses comme de l’alcool ou des cigarettes à mes parents et j’ai commencé à boire. Je crois que c’est à ce moment que les problèmes de santé mentale ont commencé à se manifester. Et c’est à ce moment que j’ai cherché une porte de sortie. Ce n’est pas que je voulais me suicider. Je ne voulais pas mourir ou faire de mal à quiconque. Je voulais juste que ça s’arrête. C’est à ce moment que j’ai commencé à me dire : « Comment échapper à cette noirceur et au sentiment que je ne suis pas à ma place même dans ma propre famille ? » 
 
Comment avez-vous tenté de composer avec l’impression de ne pas être à votre place ?
J’ai commencé à boire de l’alcool, à prendre de la drogue et à fumer la cigarette. Je voyais des gens plus vieux le faire. J’ai commencé à faire comme eux. Alors à neuf ou dix ans, même à huit ans, je buvais régulièrement. Je ne buvais pas toujours pour être soûl, mais pour tenter de m’intégrer aux adultes qui m’entouraient. 
 
Que vous faisaient l’alcool et la drogue ? 
À l’époque, je pensais qu’ils m’aidaient à me sentir mieux. L’alcool m’engourdissait et je n’avais aucune empathie. Je me fichais de ne pas être à ma place ou de ne pas avoir d’amis. L’alcool et la drogue me rendaient violent. Ils me faisaient adopter cette personnalité qui repoussait tout le monde et qui faisait en sorte que c’était très difficile d’être avec moi. Plus je vieillissais, plus j’acceptais cette solitude, cet isolement. Je me suis laissé aller dans mes dépendances et j’étais plutôt satisfait de rester seul et de boire.
 
À quel moment avez-vous réalisé que vous ne pouviez plus vivre comme ça ? 
Je crois que ce qui a tout changé a été de reconnaître que quelqu’un s’inquiétait pour moi. J’ai reconnu que ce que je faisais avec des conséquences sur quelqu’un d’autre. Et c’est la première fois, depuis que j’étais tout petit, que j’ai vraiment senti que quelqu’un s’inquiétait pour moi. L’alcool allait me tuer. Je buvais plus de 40 bières par jour et j’avais des hémorragies œsophagiennes, ce qui a créé une foule d’autres problèmes et m’a envoyé à l’hôpital. À ce moment, j’ai commencé à regarder dans la chambre d’hôpital et j’ai vu que j’avais cette partenaire et ses enfants qui étaient affectés par mon comportement. Je pouvais voir qu’ils s’inquiétaient pour moi et qu’ils souffraient. Je ne savais pas comment réagir, mais je savais que c’était quelque chose de spécial et que je devais trouver une façon de m’en sortir. 

Comment avez-vous changé les choses ? 
Quand je me suis retrouvé à l’hôpital et que j’ai réalisé que ce que je faisais depuis des années affectait d’autres personnes, je ne savais pas comment mener une vie saine. Mais je suis allé dans un centre de désintoxication et j’ai arrêté de boire. Au centre, j’ai demandé de l’aide et je n’ai pas renoncé. Je ne voulais pas perdre ces personnes qui s’inquiétaient pour moi. C’était quelque chose de totalement nouveau. Alors, j’ai vraiment fait beaucoup d’efforts pour trouver de l’aide. Ce n’était pas toujours facile et j’ai raté beaucoup d’occasions, mais j’ai finalement trouvé. Et je réalise que j’ai de la chance. 
 
Si vous pouviez revenir en arrière et vous parler, que diriez-vous ? 
Si je pouvais retourner au moment où j’étais enfant, quand tout ça a commencé à vraiment changer ma vie, je me dirais de demander de l’aide, que je ne mérite pas de me sentir si vulnérable et si déprimé. Et que ma vie vaut plus que ce que je pense.
 
Si vous avez des idées suicidaires, un intervenant qualifié est là pour vous écouter. Appelez le Service canadien de prévention du suicide au 1-833-456-4566,à toute heure du jour ou de la nuit. Et pour connaître l’histoire de personnes qui ont cherché de l’aide, visitez le cavamieux.ca.