Une jeune vie changée à jamais par une tragédie à un passage à niveau

Le 17 février 2005, Samantha Lefebvre, 12 ans, rentrait de l’école avec sa meilleure amie. C’était un court trajet que les deux filles de Brockville, en Ontario, faisaient tous les jours. Mais cet après-midi-là, cette promenade de routine a déchiré la vie de Samantha.
 
Samantha et son amie ont été heurtées par un train de marchandises à un passage à niveau lors d’une « collision avec un deuxième train ». Elles ont vu le premier train passer, mais n’ont pas vu le deuxième arriver dans l’autre direction avant qu’il soit trop tard. Samantha a été heurtée sur le côté droit. Mais son amie (qui n’est pas nommée à la demande de sa famille) est morte instantanément.
 
Samantha a passé ces 17 dernières années à tenter de vivre avec le traumatisme physique et psychologique de cette journée. Son histoire fait l’objet de l’une des quatre nouvelles vidéos produites dans le cadre de la campagne #FINILesVoiesTragiques d’Opération Gareautrain. Les vidéos sont dévoilées pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire, qui a lieu du 19 au 25 septembre. Dans la vidéo, Samantha parle de l’accident, des répercussions qu’il a eues pour elle et de la façon dont elle pense différemment aux voies ferrées et aux trains. Voici une partie de sa conversation avec Opération Gareautrain.
 
Peux-tu décrire le trajet que tu prenais tous les jours ?
 
Nous vivions à environ 15 minutes de marche de l’école, et les voies ferrées se trouvaient à environ 250 mètres de l’école. Je les traversais tous les jours, pour aller à l’école et en revenir. Pour être franche, je ne pense pas qu’à cet âge j’accordais une grande attention aux dangers posés par les voies ferrées—jusqu’à mon accident. J’aimais marcher jusqu’à l’école—la liberté d’être dans le monde sans mes parents.
 
Peux-tu raconter ce qui s’est passé le jour de l’accident ?
 
Nous arrivions aux voies ferrées après l’école et un train de voyageurs de VIA est passé. Nous n’avons pas entendu l’autre train arriver et nous ne l’avons pas vu non plus. Ce n’est qu’une fraction de seconde avant qu’il nous heurte que j’ai su qu’il était là.
 
De quoi te souviens-tu après le passage du deuxième train ?
 
J’ai perdu connaissance à cause de la pression du deuxième train et je suis revenue à moi au bord de la route avec des ambulanciers partout. J’étais en état de choc. Je disais : « Que s’est-il passé ? » Ils m’ont dit que j’avais été heurtée par un train. J’ai regardé autour de moi pour savoir où était ma meilleure amie. Ils m’ont dit qu’elle était morte — elle avait été aspirée sous le train et tuée sur le coup.
 
Que t’est-il arrivé ?
 
L’avant du train m’a heurtée au milieu du dos, ce qui a complètement écrasé le plexus brachial de mon épaule droite [le réseau de nerfs qui envoie des signaux de la colonne vertébrale à l’épaule, au bras et à la main]. Je me suis aussi cassé le coccyx alors que le train m’a soulevée à six mètres dans les airs et que je suis retombée sur les voies. Un homme a vu l’accident et il m’a enlevée des voies, m’a demandé mon nom et mon numéro de téléphone et a appelé une ambulance. Mais je ne m’en souviens pas.
 
Comment cette tragédie t’a-t-elle affectée physiquement ?
 
Elle m’a affectée de toutes les façons possibles—de la façon dont je pense à celle dont je règle les problèmes. Mon bras droit est paralysé—je ne peux pas du tout l’utiliser. Mon enfance a donc été difficile, car j’ai dû apprendre à tout faire avec un seul bras : m’habiller, manger, etc. Il m’a fallu 17 ans pour me sentir bien dans la vie et apprendre à tout faire avec ma main la moins dominante. Il ne fait aucun doute que c’est un long processus de guérison.
 
Comment l’accident a-t-il changé ta façon de voir les voies ferrées et les trains ?
 
Le simple fait de comprendre que les gens utilisent les voies ferrées tous les jours sans penser à quelle vitesse quelque chose comme ça peut arriver—à quelle vitesse la vie de quelqu’un peut changer et à quelle vitesse on peut perdre quelqu’un. J’aurais voulu empêcher que ça arrive. Personne ne devrait devoir recommencer à vivre sans sa meilleure amie.
 
Quel serait ton message à quelqu’un qui traverse un passage à niveau tous les jours comme toi quand tu étais enfant ?
 
Mon conseil serait de toujours faire attention, peu importe la protection, peu importe combien il y a de barrières à une voie ferrée. Une masse de métal d’un million de tonnes peut arriver à tout moment, et tu n’as même pas le temps d’y échapper. Ça peut arriver en une fraction de seconde. Il faut garder les yeux ouverts. Toujours faire attention pour s’assurer que les voies sont dégagées. Les trains peuvent arriver de nulle part.