Le prix élevé des graffitis sur la propriété ferroviaire
Passez près d’une gare de triage ou regardez bien un train de marchandises en mouvement, et vous remarquerez sans aucun doute que les wagons sont une « toile » populaire pour les graffiteurs. Il est illégal de peindre ou de taguer une propriété privée, peu importe où elle se trouve. Cependant, le faire sur la propriété ferroviaire peut aussi être mortel—chose que Jamie McAllan ne sait que trop bien.
Le soir de l’Halloween en 2010, son fils de 18 ans, Dylan Ford, a été tué par un train alors qu’il faisait des graffitis. Il était l’un des cinq
adolescents qui avaient escaladé un mur de béton pour faire des graffitis dans un tunnel ferroviaire. Les adolescents, âgés de 17 à 19 ans, n’ont pas vu ou entendu le train arriver sur la voie ferrée, et ils n’ont pas pu se sauver à temps. Dylan et deux autres garçons ont été tués.
L’histoire tragique de Dylan fait l’objet d’une nouvelle vidéo produite dans le cadre de la campagne #FINILesVoiesTragiques d’Opération Gareautrain. La vidéo est dévoilée pendant la Semaine de la sécurité ferroviaire, qui a lieu du 18 au 24 septembre. Dans cette vidéo, Jamie parle de l’accident de son fils et du message qu’elle veut transmettre aux autres graffiteurs. Voici une partie de sa discussion avec Opération Gareautrain.
Comment décririez-vous Dylan ?
Dylan était bien plus que ses graffitis. J’ai su qu’il était spécial dès sa naissance. Je sais que tous les parents disent ça. Mais vous savez quoi ? Il était vraiment spécial. Il était complètement différent. Il était fort. Il était très sympathique. Il était très amical et si affectueux. C’était un enfant extraordinaire. Il l’était vraiment. Et ce qu’il y a de mieux, c’est qu’il m’aimait inconditionnellement. Nous nous soutenions mutuellement. Quand le père de Dylan et moi nous sommes séparés alors qu’il avait deux ans, j’ai décidé de rester célibataire pour élever mon enfant. Nous faisions tout ensemble.
Quand Dylan a-t-il commencé à faire des graffitis ?
Dylan a commencé à faire des graffitis vers l’âge de 13 ans. Il y avait des traces dans la maison qui m’ont fait comprendre ce qu’il faisait. Et quand il a grandi, c’est devenu une discussion constante à la maison. C’était l’une de nos principales disputes, en fait. Je lui demandais constamment : « Qu’est-ce que tu fais ? » et « Pourquoi tu fais ça ? » Ma plus grande inquiétude était qu’il se blesse. Et c’est ce qui a fini par arriver.
À quel genre d’endroits faisait-il des graffitis ?
Il en faisait partout—partout où les graffitis seraient en hauteur et bien visibles, comme le long des autoroutes ou au sommet des grands immeubles. Plus ils étaient hauts et visibles, mieux c’était. Ses tags sont dans toute la ville—surtout au centre-ville—et oui, un grand nombre sont à proximité des voies ferrées, ce que je n’ai découvert qu’après l’accident.
Que s’est-il passé le soir où Dylan est mort ?
La dernière fois que nous nous sommes parlés, c’était au téléphone, et il a dit qu’il était à une fête d’Halloween et qu’il rentrait à la maison. Mais deux de ses amis lui ont dit : « Allons taguer. » Et c’est ce qu’ils ont fait. Ils étaient près du centre-ville et taguaient dans un tunnel ferroviaire alors qu’un train arrivait à sa destination finale. Il était tard et le train était comme une balle dans l’obscurité—personne ne l’a vu arriver. Ils étaient cinq et trois d’entre eux sont morts.
Si vous pouviez parler directement à un jeune, comme Dylan, qui met sa vie en danger en faisant des graffitis, que lui diriez-vous ?
Ne fais pas ça. C’est tout simplement stupide et ça n’en vaut vraiment pas la peine. Ne fais pas de graffitis sur les voies ferrées. Ça peut détruire la vie de tout le monde—pas seulement la tienne. Si je pouvais sauver la vie d’un enfant ou de n’importe qui d’autre, je dirais : ne jouez pas sur les voies ferrées.
Comment vous êtes-vous remise de la tragédie de Dylan ?
Cette soirée a détruit de nombreuses familles. Beaucoup d’amour a été perdu—pour des parents, des grands-parents, dans tantes et des oncles. Et je ne m’en suis pas remise. Disons que je l’ai assimilé. Mais on ne s’en remet jamais. On le vit du mieux qu’on peut.
Ce que je fais maintenant, c’est que je prends tout l’amour que j’ai eu avec Dylan—parce que c’était très, très spécial—et je le partage avec les enfants de tous mes amis. J’adore les enfants. C’est ce qui me permet de continuer à avancer.